17 juin 2021 – journée mondiale de lutte contre la désertification et la sècheresse : Ce qui peut être fait en RD Congo pour la transformation des terres dégradées en terres saines

Le 17 juin le monde célèbre la journée mondiale de la lutte contre la désertification et la sécheresse. Pour cette année le thème est : transformation des terres dégradées en terres saines.

le message en video est disponible https://youtu.be/MzKO39DamD8

Ceux qui me connaissent savent que j’ai pour habitude d’aborder les sujets internationaux dans le contexte congolais. Ainsi donc, en quoi la désertification, la sécheresse et la transformation des terres dégradées en terres saines nous concernent-ils ; puisque la RDC a de nombreuses terres arables et est à majorité verte de par sa géolocalisation sur l’équateur.

Ce thème est très interpellant pour notre pays la République Démocratique du Congo puisque la RDC connait une dégradation continuelle de ses terres. Je vous donnes 3 exemples :

  1. Sites d’exploitation minière (artisanale et industrielle) abandonnés sans remise en état

De nombreux sites d’exploitation minière à travers le pays ont été abandonnés après exploitation par les compagnies minières et par les exploitants miniers artisanaux.

En Ituri par exemple il suffit d’une rumeur que sur telle colline il y aurait un filon d’or, pour qu’une ruée d’exploitants artisanaux se mettent à creuser le sol aux alentours du lieu indiqué ; à la recherche de ce minerai précieux. Plusieurs fois il s’aperçoivent – après quelques semaines d’activités – qu’il n’y a pas de filon d’or sur ledit site. Les exploitants abandonnent alors ce lieu sans réaménagement aucun.

Alors qu’avant la recherche minière le site concerné était propre à l’agriculture et/ou contenait une végétation qui servait au pâturage, après le passage des exploitants miniers artisanaux ; le site devient inutilisable. Bien des années plus tard, les sites restent arides, et aucune végétation n’y repousse. Ces sites deviennent plutôt source d’érosion non seulement sur le site d’exploitation lui-même, mais aussi pour les terres environnantes. Ils sont aussi source d’accidents mortels puisque les bêtes et les passants tombent régulièrement dans les trous béants abandonnés.

Il en est de même pour l’exploitation minière industrielle. Dans la plupart des Provinces (que ce soit dans le Haut Katanga, le Lualaba ou les Kivu), les entreprises abandonnent les anciens sites d’exploitation minière sans aucun effort de remise en état ; alors que les exigences du code minier tel que révisé en 2018 érige en obligation légale, la remise en état des sites d’exploitation minière.

  • Croissance démographique, élargissement des zones urbaines et péri-urbaines qui entrainent une dégradation des sols

Les anciens districts transformés en provinces suite au récent découpage territorial, enregistrent un exode urbain significatif. Les anciens territoires ou cités se transforment en villes qui enregistrent une démographie en perpétuelle croissance, et qui s’élargissent au détriment de plusieurs aires verts (anciennes forêts, champs ou boisements).

La transformation de ces villages en villes entraîne un changement de vie. Les habitants vont d’un mode de vie paysan (qui impliquait une consommation constituée majoritairement des produits locaux) vers un train de vie citadin (qui implique une consommation de produits majoritairement industriels).

C’est ainsi que aujourd’hui les sols des anciens villages reculés, sont aujourd’hui recouvert d’une large gamme d’emballages plastiques, remplis de particules de téléphones, piles alcalines, débris de panneaux solaires, d’huiles moteur/vidanges ; et autres vestiges du développement qui ont été enfouis dans le sol sans précaution aucune. Aujourd’hui, de nombreux agriculteurs se plaignent de la réduction de la fertilité des sols suite à la pollution de ce dernier par les déchets dont je viens de faire mention.

  • Dégradation accrue des terres urbaines et péri-urbaines suite aux activités économiques

La RDC connait un boom économique et industriel.

Économique puisque l’importation de produits venus d’ailleurs a significativement augmenté et atteint les zones anciennement reculées. Il est donc facile de trouver en plein milieu d’une forêt, des Piles alcalines usagées, des téléphones, des débris de panneaux solaires, des rallonges et autres matériels électriques ; des bouchons de bouteilles, des canettes en aluminium ou en métal, etc.; enfouies dans le sol.

Industriel en ce sens que des petites et moyennes industries voient le jour çà et là, à travers le pays. Fabrication d’eau, de boissons sucrées, de boissons alcoolisées, de produits pharmaceutique tradi-modernes, etc. ; voient le jour à  une vitesse 20 fois plus grande que celle enregistrées durant les 30 dernières années. Ces usines artisanales ou semi industrielles utilisent des produits chimiques qu’elles déversent dans les sols avoisinant. Les déchets des produits de ces usines congolaises sont aussi enfouis dans le sol, qu’elles dégradent continuellement.

C’est au vu de ce qui précède, que j’affirme que le thème de cette année transformation des terres dégradées en terres saines est un thème interpellant pour la RDC en ce sens:

  1. qu’il nous appelle à prendre conscience de l’état de dégradation des sols à travers la RDC à cause de nos actions/inaction ;
  2. qu’il nous appelle à prendre conscience du risque qui nous guette en interne. Ne pas parler/penser à la désertification uniquement comme l’avancée du désert (qui par ailleurs est une réalité) mais de parler aussi et essentiellement du fait que si nous continuons à dégrader notre sol à ce rythme, les terres congolaises ne pourrons plus nous nous permettre de maintenir le train de vie qui est le nôtre (comparé à ce que vivent les populations dans les zones désertiques).

EN CONCLUSION, Une exploitation minière non encadrée rend le sol infertile. Les activités d’industrie qui ne sont pas encadrées polluent le sol avec leur déchets. un sol non fertile, c’est comme un désert. C’est pourquoi en cette journée mondiale contre la désertification je parle d’activités minières.

Que faire au niveau local ? La transformation des terres dégradées en terres saines en RD Congo passe par  4 piliers essentiels suivants:

  1. Une ferme application de l’article 258 du code minier congolais de 2002 qui institue une provision pour la réhabilitation environnementale des sites d’exploitation minière.
  2. Étendre le concept de provision pour la réhabilitation environnementale aux autres secteurs qui polluent grandement le sol (notamment l’industrie,  l’agriculture, etc.)
  3. Une ferme application de l’article 58 de la loi n° 11/009 du 09 juillet 2011 portant principes fondamentaux relatifs à la protection de l’environnement ; qui exige a toute personne physique ou morale publique ou privée qui produit des déchets domestiques, industriels, artisanaux, médicaux, biomédicaux ou pharmaceutiques ; d’en assurer une gestion durable.
  4. Une implication visible et forte des l’entité territoriales décentralisées, des pouvoirs provinciaux, et de l’Etat au niveau central ;  dans la gestion rationnelle des déchets qui polluent le sol. 

Yes, together we can! Nous pouvons protéger l’environnement, chacun dans son secteur !

Dignité Bwiza Visser

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